RESIDENCE LADOUMEGUE

programme: 190 logements pour étudiants

maître d'ouvrage: RIVP

architecte: ECDM

BET: BETIBA, Franck Boutté

localisation: Rue des Petits Ponts, Paris XIXe

superficie: 5 600 m² HON

coût: 16 M€ HT

concours: 2008



Le tracé linéaire né d’une limite entre deux communes génère une géométrie parcellaire improbable, une frange territoriale, un entre deux. Si cette géométrisation de l’espace induit des qualités foncières singulières, avec la possibilité de dérouler une architecture en un long travelling, notre préoccupation est avant tout de transformer l’orée en interface, mettre en œuvre des passages, des perpendiculaires qui viennent contredire l’histoire d’une organisation urbaine révolue. Le projet est l’occasion de repenser une mise en relation de territoire sub-périphérique, d’hybrider des paysages parallèles, de proposer une articulation de strates successives.
Nous sommes partis de cet espace plan qui borde les abords du périphérique, territoire que nous organisons par des cadrages, par des vides structurés, des failles ondulantes allongées ou verticales. Les vides organisent le projet, ils en sont la structure, ils tiennent en lévitation le construit. Dans cette frange incertaine la question de la densité est centrale. Il existe à proximité du site des masses construites imposantes constituant les limites sud de Pantin et des espaces distendus désaturés, révélant les distances, ouvrant des horizons flous. Il existe de longues étendues de territoires parisiens à la densité proche de zéro laissant supposer vacuité et incertitudes organisées par des infrastructures. Fort de ce constat nous proposons une résille habitée, une maille évanescente, poreuse, un bâtiment ignorant la gravité, un plan dé-saturé qui en annonce d’autres. Ce travail sur le skyline, sur la singularité de ces larges horizons spécifiques aux territoires dégagés est à mettre en relation avec ce socle épais, large, couvrant l’intégralité du territoire jusqu'à la butte du périphérique. Ce socle nous le voulons terrien, lié au sol, confondu au terroir, pleine terre, plein de terre gagnée par un végétal proliférant qui viendrait proposer un jardin à la fois horizontal et vertical, un jardin d'équerre, un socle qui phagocyte, un square infrastructure, mur de soutènement, soubassement d’un projet dual.
190 logements pour étudiants. Des logements dédiés à des résidents au profil défini, homogène, même âge, même éducation. Face à un programme hyper répétitif que nous n’essayons pas de contredire, nous écrivons des scénarios de vie, des histoires singulières que l’architecture murmure. Dès lors il s’agit de fédérer 190 logements, et au moins autant d’individualités, de créer une unicité, une identité, de générer une Grande Maison, un lieu généreux, gage de vie et d’harmonie entre tous ses résidents.
On y pénètre par la clairière verticale d’un jardin habité, cavité dans un socle étendu jusqu’au périphérique, expérience troglodyte acidulée. Le sol est vallonné à 4% pour désynchroniser la résidence des rythmes de la ville, une forêt de poteaux inclinés fragmente l’espace, une large faille laisse pénétrer la lumière le long du mur séparatif, les boîtes aux lettres sont attachées en grappes au pied des poteaux. Au fond, deux ascenseurs panoramiques ; accéder à son logement, c’est s’élever dans l’horizon d’un paysage parisien.
Les façades mettent en scène ce programme monolithique : une trame comme dénominateur commun, module répété par appartement, partition des surfaces de façades égales, parfaitement réparties. La somme est constitutive du projet. Rythmique répétitive, raide, séquencée, syncopée comme autant de possibilités d’échapper à la fatalité de la répétitivité. La façade  principale est faite d’un plan vitré cadré par un infundibulum captant la vue, la lumière, protégeant du bruit, générant un balcon, un espace extérieur de 7 m² pour chaque logement. Surfaces à vivre assez larges pour sortir une table travailler, manger bronzer.
A l’ouest, un sous-verre venant s’ajuster à la silhouette de la résidence, lame mince, limite infranchissable limitée aux reflets de la matière entre jeux de ballons et la résidence. Derrière le « plus beau jeu de travelling parisien » (toutes proportion gardées). La découverte d’un vaste horizon parfaitement dégagé en déplacements horizontaux et verticaux se suffit à lui-même et on pense aux étudiants étrangers arpentant Paris depuis leur résidence. 

This linear site, with its unusual geometry, is a left-over, interstitial space generated by the limit between Paris and Pantin, a space on the edge of an undefined territory. This geometric configuration of space creates the opportunity for an architecture of the limit, a long, unfolding screen revealing the distinction between the metropolis and its suburbs. At the same time, our main consideration was to reinterpret this notion of the limit into something open and porous. Using void as the primary element of the project, we create a limit that creates links more than it separates.
The project was seen as a way to rethink the relationship between sub-peripheral territories, hybridizing parallel landscapes into an articulation of successive strata. Void manifests itself as a series of horizontal and vertical openings, transforming the limit into a passage, a crossing. Void structures the project, maintaining the built mass in a state of levitation, revealing the horizon, bringing meaning to this undetermined and uncertain landscape organized by infrastructures. Our project brings together the two main characteristics of the site, the presence of imposing, solid built masses and the indefinite, fleeting landscape of the peripheric boulevard.
An earthly base anchors the project to the street and the neighborhood, emerging from the ground and dealing with the level difference created by the elevated boulevard. This base, covering the integrity of the site, covered with greenery, becomes a vertical garden, merging itself into the landscape.
The program is repetitive by nature: 190 student rooms, for 190 students of the same age, with the same education level. We do not try to confront this repetition but rather we create unity and identity, bringing together these 190 individualities. The repetition of a common module generates the façades, creating a monolithic image, contrasting with the lightness and aerial nature of the project.